samedi 7 février 2009

Féodalité.

Eglise et Féodalité.

Soutien essentiel de la monarchie (depuis Clovis), l'Église catholique essaie d'imposer ses propres normes et ses propres hiérarchies à une société féodale violente et guerrière. D'abord en se rendant indépendante des rois, des princes et des seigneurs. C'est l'objectif de la Réforme Grégorienne (du nom du pape Grégoire VII, XI° s.) qui arrache aux grands laïques les nominations ecclésiastiques. Ainsi, l'évêque est-il élu par les chanoines du chapitre cathédral.
Peu à peu, l'Église parvient à "moraliser" les comportements sociaux des grands, notamment en imposant la monogamie et le mariage non consanguins, avec le consentement des deux époux, en disposant de l'arme de l'excommunication (le Capétien Philippe I°, à la fin du XI°, est excommunié trois fois pour avoir voulu épouser sa maîtresse et légitimer ses enfants bâtards).

L'Église tente aussi de discipliner la violence des puissants, en décidant, aux alentours de l'an mil, "la paix de Dieu" (qui protège certains lieux d'asile comme les églises et certaines catégories sociales comme les paysans, les clercs, les marchands, les pèlerins, les veuves - Serment de paix à Beauvais - 1023) et "la trêve de Dieu" (qui interdit la guerre pendant des temps religieux forts comme Pâques, et du vendredi au dimanche).

Les croisades sont enfin le moyen de détourner la violence des guerriers contre l'infidèle, contre le "Mahométan" (loin en Palestine), en échange d'une promesse papale d'indulgence (la mort en Terre Sainte vaut absolution des péchés). Mais ces croisades peuvent également susciter l'enthousiasme des foules. Ainsi, même des enfants se jettent sur les routes dans l'espoir de libérer Jérusalem, aux mains des Musulmans depuis 638. En 1212, des troupes d'enfants et d'adolescents, venus surtout du nord-est de la France, des Flandres et de la vallée du Rhin se dirigent vers les ports méditerranéens. Beaucoup meurent en chemin, les autres seront vendus comme esclaves ou périront noyés.

Malgré les menaces d'excommunication, l'Église a fort à faire pour faire respecter ses propres valeurs, qui se diffusent néanmoins par le biais de ses institutions : exemples du monachisme, des monastères ruraux (avec la remise à l'honneur de la prière, comme à Cluny, de la pauvreté et du travail, comme chez les Chartreux, près de Grenoble), pèlerinages auprès des reliquaires, hôpitaux (hôtel-Dieu), écoles...

La cathédrale d'Amiens "mise en lumière" pour retrouver la polychromie d'origine. L'intérieur et l'extérieur des cathédrales gothiques étaient peints, en particulier les piliers et les statues. Les vives couleurs avaient un impact certain sur le petit peuple qui vivait dans des vêtements gris.
Cette christianisation en profondeur de toute une société s'opère enfin dans l'existence quotidienne : calendrier chrétien dont les fêtes (Pâques, Noël ... ) et les saints rythment la vie de la paroisse, dont le curé enregistre l'état civil et assure soin des âmes et éducation de tous, où même les analphabètes lisent sur le tympan, les sculptures, les fresques et les vitraux des églises romanes et gothiques scènes des Évangiles et Jugement Dernier. Des distributions collectives d'aumônes, par des monastères, des maisons-Dieu (pour les malades et les pèlerins) peuvent concerner plusieurs milliers de pauvres - cette tradition traversant tout l'époque moderne.

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