lundi 9 février 2009

L'Eveil.

Qu'il commence à jeter un regard par les trous de sa prison, qu'il poursuive de l'œil à travers les barreaux de son réduit le rayon bienfaisant qui l'éclaire, et, qu'à l'exemple des anges, il cherche la lumière en suivant la lumière. De la sorte, il ne peut manquer de trouver cette tente admirable où il est donné à l'homme de se nourrir du pain des anges, ce paradis de voluptés planté de la main de Dieu même ; ce jardin rempli de fleurs délicieuses où il goûtera enfin le frais et le repos, et alors il s'écriera :
« Oh, si ma malheureuse volonté voulait entendre ma voix, si seulement elle voulait venir voir ce délicieux endroit et visiter ce séjour de bonheur!... Oui, c'est ici qu'elle trouverait le repos parfait et qu'elle cesserait de me tourmenter n'étant plus tourmentée, elle-même. »
Car il ne mentait pas celui qui disait: « Prenez mon joug sur vos épaules, et vous trouverez le repos pour vos âmes (Math., XI, 29). Sur la foi de cette promesse, qu'il adoucisse sa voix en parlant à sa volonté courroucée, qu'il prenne même un air enjoué en l'abordant et lui dise d'un ton affectueux :
« Cessez de m'en vouloir, car ce n'est pas moi qui serais capable de chercher à vous nuire. Ce corps est à vous, je vous appartiens même tout entier, ne craignez donc rien et n'ayez pas peur. »
Il ne devra pourtant point s'étonner si la volonté lui répond encore d'un ton un peu amer :
« Toutes vos méditations vous ont tourné la tête. » Qu'il la laisse dire et n'aie pas même l'air de s'apercevoir de ce qui se passe, mais qu'il saisisse à propos dans la conversation l'occasion de changer le cours de l'entretien et lui dise :
« J'ai découvert aujourd'hui un jardin des plus charmants, un endroit délicieux. Nous y serions bien l'un et l'autre. Après tout, vous êtes bien malheureuse dans ce lit de douleurs, sur cette couche de souffrances, dans ce réduit où mille cuisants chagrins vous assaillent. »
Le Seigneur viendra au secours de celui qui le cherche et de l'âme qui a mis son espérance en lui. Il écoutera ses prières et ses vœux et ne manquera pas de donner à ses paroles le don de la persuasion. La volonté sentira enfin s'éveiller en elle le désir d'abord de voir ce séjour, puis insensiblement elle voudra y entrer, et enfin elle souhaitera d'y fixer sa demeure.

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