Le Blason.
L'origine des armoiries est avant tout chevaleresque et c'est vraisemblablement au XIIème siècle que les premiers écus "héraldiques" sont apparus aux mains de nobles seigneurs mais il est évident que bien avant cette naissance on trouvait sur les boucliers des guerriers ou chevaliers ces figures originelles qui remontent à l'aube des temps. Chez les Grecs et chez les Romains on retrouve de ces représentations allégoriques d'animaux, de figures géométriques qui, bien que nous en ayons perdu la signification semblent aussi être régies par des lois de même nature que l'héraldique. De plus, il est vrai que le Blason a des origines orientales : ainsi l'Azur qui désigne le bleu est en fait dérivé du nom arabe de cette couleur.
Personnel à l'origine, le blason représente les caractéristiques les plus hautes et les qualités spirituelles les plus nobles du chevalier. Cette représentation est alors éminemment symbolique : Le lion (emblème de saint Marc) symbolise la force; l'aigle (emblème de saint Jean) représente une certaine altérité, l'intellectualité et la spiritualité; etc. La loi héraldique voulait que l'aîné soit le porteur des armes pleines (non modifiées) il devait d'ailleurs être parfaitement digne de ce privilège. Le blason étant transmis de père en fils, on pouvait aussi ajouter à ses propres armes celle d'une terre dont on devenait l'acquéreur, où même simplement d'une terre à laquelle on prétendait. On voit apparaître alors des combinaisons de plusieurs armes dans un même écu, tels que les écartelés (armes d'Espagne ou d'Angleterre). Les rois d'Angleterre prétendant être rois de France, ont longtemps écartelé leurs armes avec celles de la France - et ce jusqu'en 1801. A la fin du XVIIème siècle, prétentions, possessions, terres et dignités aidant, le blason pouvait s'agrandir au point de devenir une véritable mosaïque de quinze, vingt, trente ou cinquante parties.
D'abord réservé aux chevaliers, puis aux évêques ou abbés de grandes familles, le port du blason, témoin de la vraie noblesse (les qualités cultivées de génération en génération) fut reconnu aussi aux très grands bourgeois comme Jacques Coeur, ou aux grands artisans devenus maîtres en leur art. À partir du XIIIème siècle, cette pratique s'étend à l'ensemble de la société, jusqu'aux maîtres-laboureurs, aristocrates de la paysannerie, qui participaient eux aussi, à travers les qualités propres à leur métier, à cette Noblesse de cœur qui fit la gloire de toutes les classes de la société traditionnelle médiévale. La noblesse se retrouve, en effet, dans toutes les classes de la société - elle détermine la véritable Élite. Le travail sur les authentiques qualités spirituelles engendra cette sorte de «noblesse universelle » qui vivifiait la société tout entière. Faut- il rappeler que le beau nom de Français vient de franc (libre) et que la liberté est une des qualités majeures de la vraie Noblesse?
Le blason a dégénéré dans son graphisme du Moyen Age au XVIIIème siècle. On passa ainsi peu à peu du lion superbe et flamboyant à une espèce de "caniche" qui n'avait hélas plus rien à voir avec la noble science et avec l'art traditionnel. À la fin du XVIIIème siècle, dans la mentalité collective, le blason n'était plus qu'un signe nobiliaire purement décoratif et ce sont les Trois Ordres réunis qui, en 1789, à la demande du Duc de Montmorency, décidèrent de l'abolition des armoiries, au même titre que tous les autres "privilèges" et marques de distinction. Il s'en suivit un "massacre" héraldique d'une virulence inouïe: les parchemins furent jetés au feu et les armoiries grattées ou martelées sur tous les objets ou monuments, de la petite cuillère au fronton de château... Napoléon ne devait plus tard relever l'usage des armoiries qu'au bénéfice de la seule noblesse d'empire : et telle est l'origine d'un préjugé durable qui assimilait le blason et le port des armes à l'aristocratie de sang.
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